Les sortilèges des Ballets de Monte-Carlo
![Carmen © Jesus Vallinas](/app/uploads/2023/12/carmen-©-jesus-vallinas_0-1-100x66.jpg)
Après une tournée débutée en septembre qui a mené la Compagnie des Ballets de Monte-Carlo en Suisse et en Italie, mais aussi en Thaïlande et en Corée du Sud, la saison monégasque débute dès le 14 décembre avec plusieurs évènements majeurs.
Célébrer la beauté
Le Monaco Dance Forum – festival qui, plus que jamais, tient à promouvoir la danse dans toute sa diversité, y compris sous ses formes les moins convenues – lance le coup d’envoi des rendez-vous de fin d’année. Surprendre, toucher, bousculer même… La danse n’est pas qu’un art de divertissement, c’est aussi un formidable vecteur de réflexion et d’émotions. Depuis deux ans, une attention toute particulière est portée aux compagnies 6è Sens et Dk-Bel qui œuvrent en faveur d’une danse inclusive réunissant danseurs avec et sans handicap. Ces artistes étaient déjà présents en juillet lors de la F(ê)aites de la danse pour présenter une partie de leur travail. Les réactions unanimes face à la beauté de leur spectacle ont conduit les chorégraphes Sophie Bulbulyan et Cécile Martinez à baptiser leur création tout simplement C’est beau ! Beauté du geste et de la pensée, émotion personnelle ou universelle, subjectivité du regard et de l’esprit… Elles s’inspirent de Charles Baudelaire qui a su plus que tout autre trouver et montrer la beauté aux confins de l’inattendu.
Le second invité du Monaco Dance Forum a également donné un avant-goût de sa nouvelle création en juillet. Mais c’est le 15 décembre qu’Hervé Koubi offrira dans son entièreté sa déclaration d’amour à la danse à travers Sol Invictus qu’il décrit comme «un manifeste pour la vie… parce qu’il y a de l’urgence, celle de rassembler mais aussi de susciter de l’espoir».
Le tourbillon de la vie
La période de Noël sera d’autant plus magique cette année avec une création imaginée dans le cadre des Célébrations du Centenaire de S.A.S Le prince Rainier III. Unir le présent au passé qui constitue socle sur lequel on s’appuie pour avancer ; c’est probablement un peu dans cet esprit que Jean-Christophe Maillot a imaginé cette page de programmation.
Dans le vaste répertoire de la Compagnie qui aligne aussi bien les chorégraphes émergents que des figures historiques, son choix s’est porté sur La Valse de Georges Balanchine. Présentée pour la première fois par la compagnie monégasque le 31 décembre 1994, cette pièce, sur une musique de Maurice Ravel, est un véritable poème chorégraphique. S’inspirant des valses viennoises, le rythme entraîne les danseurs dans un tourbillon fantastique, étourdissant, enivrant…
La musique de Maurice Ravel est également à l’honneur pour la création qui suivra, ne mettant pas moins de 240 artistes en scène. Outre la totalité des danseurs de la compagnie de danse, on retrouve à leurs côtés les musiciens de l’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo ainsi qu’une centaine de choristes réunissant les Chœurs de l’Opéra de Monte-Carlo, le Chœur d’enfants de l’Académie Rainier III et l’Académie des Jeunes Chanteurs, spécialement créée par Cécilia Bartoli. Ensemble, ils vont donner vie à l’histoire de L’enfant et les sortilèges, imaginée par Maurice Ravel qui demanda à Colette d’en rédiger le livret. La première fut donnée le 21 mars 1925 à l’Opéra de Monte-Carlo, chorégraphiée par Georges Balanchine. Cette œuvre grandiose qui se compose de 21 tableaux est rarement mise en scène. Elle comporte pourtant une très grande richesse musicale alternant les styles et constituant une véritable comédie musicale avant l’heure, source d’inspiration pour Jean-Christophe Maillot qui a décidé de s’y reconfronter. L’histoire en elle-même permet toutes les audaces et malices afin de raconter l’histoire de cet enfant capricieux et méchant envers objets et animaux qui l’entourent. Ces derniers ne tarderont pas toutefois à prendre leur revanche… Cette pièce représente aussi un intérêt particulier pour le chorégraphe qui en offrit une première version en avril 1992, lui permettant de révéler ce talent qui peu après le porta à la direction de la prestigieuse compagnie.
Carmen, libre et passionnée
Le passage de flambeau d’une année à l’autre se fera sur les traces de Carmen, dans une version signée de Johan Inger, l’un des chorégraphes les plus doués de sa génération. À la tête des prestigieux Nederlands Dans Theater, puis du Ballet Cullberg, il est à l’origine d’une quarantaine de créations qui lui ont valu de nombreuses récompenses internationales. Son nom n’est pas inconnu en Principauté qui l’a déjà accueilli pour deux créations : In-Exact (2011) et Petruschka (2018). C’est en 2015 qu’il crée Carmen pour la Compania Nacional de Danza : un véritable défi pour cet artiste suédois. Pour s’attaquer à ce monument, il a souhaité partir sur une approche différente. C’est finalement au travers des yeux d’un enfant que le récit prend vie : innocence contre violence dans cette version revisitée qui offre l’image d’une femme libre que l’on pourrait croiser en n’importe quel lieu. Frissons garantis.
C’est beau ! [Monaco Dance Forum], 14 déc 19h30 • Sol Invictus [Monaco Dance Forum], 15-16 déc 19h30 • La Valse + L’enfant et les sortilèges, 21-22-23 déc 19h30 • Carmen, 30-31 déc & 2-3-4 jan 19h30. Grimaldi Forum, Monaco. Rens : balletsdemontecarlo.com
Carmen © Jesus Vallinas