Métanuits, c’est le nom du répertoire que présenteront, dans le cadre des Jeudis du Jazz à Cannes en janvier, Émile Parisien et Roberto Negro, au saxophone soprano pour l’un, au piano pour l’autre.
Un titre qui dérive des Métamorphoses nocturnes de György Ligeti, l’un des plus importants compositeurs de la fin du 20e siècle, dont on célèbre cette année le centenaire. De la musique contemporaine comme on dit… Et on sait bien que la formule effraie parfois. Pourtant Ligeti, contemporain comme pas deux, a écrit des musiques très diverses, ludiques bien souvent, qui jouent avec des rythmes croisés, des phrases mélodiques qui se tuilent… Un univers plein de séductions et de curiosités, où l’on entre facilement. Les Métamorphoses nocturnes, son premier quatuor à cordes, date de 1954 lorsqu’il est encore très influencé par Bartók.
Émile Parisien et Roberto Negro ont approché l’œuvre pour en faire une transcription au départ assez respectueuse, mais qu’ils vont remodeler comme les jazzmen le font de tous les matériaux dont ils s’emparent. Ils présentent donc ces Métanuits, qu’ils ont souvent jouées, parfois même dans des programmes mixtes, juste après avoir fait entendre la partition originale interprétée par le Quatuor Bela. L’œuvre a incroyablement gagné en souplesse et en liberté : ils en connaissent tous les recoins qu’ils peuvent détourer, recourber, suspendre à leur manière.
Et leur manière justement s’y prête : ces deux-là se connaissent depuis longtemps et ils ont une telle expérience commune qu’ils ont forgé un son de duo immédiatement reconnaissable. Roberto qui passe de la clarté de la musique écrite au swing de l’improvisation, du piano parfaitement accordé au piano préparé, qui joue sur les timbres et les hauteurs. Émile avec cette sonorité unique de soprano, à la fois fantomatique et pleine, gonflée d’un lyrisme qui s’arrête à la limite du sanglot. Toute une nuit lumineuse dans ces figures qui se recomposent pour le plus nocturne des kaléidoscopes.
18 jan 19h30, Théâtre Alexandre III, Cannes. Rens : cannes.com
photo : Emile Parisien, Roberto Negro © Jean-Pascal Retel