Galerie Eva Vautier : Oh les 10 ans !
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Eva Vautier, fête les 10 ans de sa galerie niçoise, avec une exposition collective rassemblant une quarantaine d’artistes. Si son patronyme est connu, Eva s’est fait un prénom, par sa générosité et son opiniâtreté. Elle a su affirmer sa propre ligne et défend bec et ongles ses artistes, ainsi qu’une certaine vision sociale de l’art.
Être une femme et la fille de Ben, dans ce milieu de l’art où les langues de vipère ne sont pas rares, était un challenge. Après 10 ans de pérennité, c’est bien la preuve que les femmes devraient avoir plus d’espace dans la création et sa diffusion.
Dix ans de galerie, c’est déjà une fierté pour Eva Vautier car elle a pu « tenir » et il faut que reconnaître que c’est déjà pas mal. Certes, il peut parfois y avoir une fatigue, une usure qui s’installe, mais qui finit par s’estomper face au bouillonnement créatif et à tous les retours positifs. Eva Vautier n’a jamais renié ses origines, elle qui est “née” dans le milieu de l’art, son destin était “inévitable”. Depuis son plus jeune âge, elle côtoie des artistes, voit des expositions… Elle a toujours essayé d’en faire une force, tout en gardant sa personnalité, ce qui, de l’avis de tous, est une réussite mais demande une lutte incessante pour la reconnaissance de son travail. Elle défend Fluxus, par exemple, parce qu’elle aime personnellement ce mouvement, et soutient aussi beaucoup d’artistes que son père n’aime pas. Elle défend aussi Nice et sa création, parce qu’elle y est née et qu’elle aime sa ville. Elle travaille en ce moment sur deux projets au Mexique et à Brême, et elle sent bien qu’elle fait ainsi aussi rayonner sa ville. Idem lors des foires et salons auxquels elle participe. Elle n’a pas envie de s’installer à Paris, même si une antenne dans la capitale serait envisageable. Elle aime la vie qu’elle a sur la Côte d’Azur, tout simplement.
Si Eva Vautier défend les artistes qui sont en exclusivité chez elle, il lui arrive de défendre aussi des artistes soutenus par d’autres galeries. Ce n’est pas un problème, elle accepte d’ailleurs très bien que “ses” jeunes talents puissent travailler de concours avec des galeries plus internationales. “Une galerie, c’est toute une équipe. Il faut vraiment savoir un petit peu tout faire : aussi bien la com que les encadrements !” Et travailler avec de nombreuses personnes : les artistes, bien sûr, et les collectionneurs qui la soutiennent et qui se “battent” parfois pour elle. Et puis parfois aussi, les institutions. “Tout ça pour le rayonnement des artistes, mais aussi pour le rayonnement de la galerie, bien sûr“.
Mais être une femme dans le milieu de l’art est encore difficile, tant pour les artistes que pour les galeristes. Eva le sait bien et défend nombre d’artistes féminines. “Il y a encore beaucoup de travail pour rendre leur place aux femmes“, estime-t-elle. Il y a bien entendu, comme elle le reconnaît, de grandes galeristes et de grandes artistes, mais “le plafond de verre existe encore trop“, selon elle. D’ailleurs, c’est une équipe 100% féminine qui s’occupe de gérer la galerie : Eva, directrice-fondatrice de la galerie, en charge de la direction générale et artistique de la galerie ; Léonie Focqueu, directrice adjointe, en charge de la coordination opérationnelle des projets portés par la galerie, des expositions et foires, et de la relation avec les artistes et avec les collectionneurs privés ; Flora Defaut, assistante de la galerie, en contrat d’alternance, en charge de la communication, de l’accueil des publics de la galerie ; et Pénélope Morterolle, en charge des commissions d’acquisition publiques/privés (FRAC, Cnap, fondations, etc.). Sans oublier la famille et les amis… qui prêtent main forte quand il le faut !
Pour les 10 ans de sa galerie, Eva Vautier présente 42 artistes, ceux soutenus par la galerie et des invités. Elle et son équipe ont voulu se faire plaisir et faire en sorte que cet événement soit festif. “Il y aura des œuvres en souvenir de certaines expositions et des pièces inédites. Ça fera comme un petit fil d’Ariane, un chemin sur le parcours de ces dix ans.” Eva Vautier est également très préoccupée par l’ouverture à tous les publics, et c’est pour cette raison qu’elle continue de développer les éditions qui permettent même en cette période difficile d’offrir de l’art pour les fêtes de fin d’années. Les œuvres exposées restent abordables pour certaines et peuvent faire de merveilleux cadeaux. “La galerie a toujours un côté social. Comme lorsqu’on reçoit des écoles et qu’on fait des rencontres avec les artistes. Elle est là aussi pour ouvrir des chemins“, indique-t-elle. “Quand les artistes proposent des expositions, c’est une prise de risque, c’est un laboratoire. Et quand tu invites le public, c’est aussi pour qu’il puisse regarder ce laboratoire, réagir, inventer. Notre rôle est d’ouvrir les portes et faire que la culture ouvre les esprits pour que le monde aille mieux.”
Oh les 10 ans | Les beaux jours de la galerie Eva Vautier
Exposition collective avec Agathe Wiesner, Agnès Vitani, Aimée Fleury, Alain Biet, Alain Snyers, Alice Guittard, Anna Byskov, Anne-Laure Wuillai, Arnaud Biais, Béatrice Lussol, Ben, Ben Patterson, Benoît Barbagli, Camille Franch-Guerra, Caroline Rivalan, Cédric Teisseire, Charlotte Pringuey-Cessac, Evan Bourgeau, Favret/Manez, Florian Pugnaire, Florian Schönerstedt, François Paris, Frédéric Bauchet, Frédérique Nalbandian, Geoffrey Hendricks, Gérald Panighi, Gilles Miquelis, Gregory Forstner, Ingrid Luche, Jacqueline Gainon, Jeanne Susplugas, Marc Chevalier, Mona Barbagli, Natacha Lesueur, Nicolas Daubanes, Omar Rodriguez-Sanmartin, ORLAN, Silva Usta, Simone Simon, Tom Barbagli, Tristan Blumel, Yosef Joseph Dadoune.
16 déc au 10 fév, Galerie Eva Vautier, Nice – Rens : eva-vautier.com
photo : Eva Vautier © Simone Simon